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Ce que le téléfilm « Diabolique » ne vous dit pas sur l’affaire des reclus de Monflanquin

Ce que le téléfilm « Diabolique » ne vous dit pas sur l’affaire des reclus de Monflanquin

Publié le : 05/04/2016 05 avril avr. 04 2016

TELEVISION – « On se dit, mais comment tu as pu être aussi bête pour te faire prendre? Mais moi j’ai été très pragmatique: je me suis fait piéger, je me suis fait avoir. » L’aveu vient de Charles-Henri de Védrines lui-même. De 1999 à 2009, lui et 10 membres de sa famille ont été manipulés par un homme, aujourd’hui présenté comme un « gourou ».

Tantôt agent secret, tantôt envoyé spécial d’une organisation humanitaire, Thierry Tilly leur fait croire, pendant dix ans, qu’un complot mondial veut leur chute. Séquestrée, malmenée, persuadée que le monde extérieur lui veut du mal, la famille de Védrines se déchire et perd tout ce qu’elle possède.

Cette histoire vraie fait l’objet d’un téléfilm diffusé mardi 5 avril à 20h50 sur France 3, avec Michèle Laroque et Laurent Stocker. Inspiré de Diabolique, le livre-témoignage de Ghislaine de Védrines et son mari, le film du même nom retrace l’histoire à peine croyable de cette famille de notables bordelais, dont l’un a été candidat sur la liste d’Alain Juppé aux élections municipales de 1995, tombée dans le piège d’un grand manipulateur.

Parce que cette histoire complexe recèle des détails aussi surprenants qu’effarants, Le HuffPost revient sur trois aspects clés de ce fait divers, que le téléfilm ne vous montre pas.

Thierry Tilly leur racontait des histoires folles
 
« Je suis prince d’Iran ». « Dans un train, j’ai fait match nul avec Kasparov aux échecs ». « Le juge d’instruction a usurpé mon identité pour jouer au foot à Sochaux ». Thierry Tilly n’a jamais manqué d’imagination pour faire tomber la famille de Védrines dans son piège et la couper du monde pour mieux la dépouiller. Tandis que le personnage joué par Laurent Stocker dans le téléfilm de France 3 assure simplement que ses « véritables activités gravitent autour du ministère de la Défense », le vrai Thierry Tilly est allé très loin dans la supercherie.

Face aux Védrines, l’homme se dit chargé d’une mission sacrée, « qui tendrait à recréer l’équilibre du monde », explique Le Monde. Il dit chercher « la clef du trésor ». « Je suis double champion olympique » lancera-t-il aussi lors de son procès, raconté par Sud Ouest. « J’ai vu mourir De Gaulle. Liliane Bettencourt est ma grande tante. Je suis de la famille des Windsor. »

Il ira même jusqu’à se réclamer de la lignée de Védrines… Tout en ne reniant pas son appartenance à la famille royale d’Angleterre. « C’est la branche difficile de ma famille », dira-t-il des Védrines. « Je ne peux plus rentrer à Buckingham (depuis cette affaire) ».

La famille de Védrines n’a rien récupéré de ce qu’elle a perdu
 
Le téléfilm réalisé par Gabriel Aghion prend fin au moment de l’interpellation de Thierry Tilly. Mais le cauchemar ne s’est pas arrêté là pour la famille de Védrines. Après 10 années passées sous emprise, pendant lesquelles les adultes ont cessé de travailler et les enfants d’étudier, la famille s’est retrouvée dépossédée de tout. « Si je n’avais pas été accueillie par ma famille et mes amis, j’aurais été sous les ponts », raconte Christine de Védrines à France 2. « On est rentrés, Jean et moi, avec notre alliance. C’est tout ».

Thierry Tilly a dépouillé la famille de près de cinq millions d’euros. Avec cet argent, il a entretenu sa propre famille et s’est offert des voyages. Outre leurs meubles et leurs bijoux, les Védrines ont perdu toutes leurs maisons (notamment des appartements dans le bassin d’Arcachon et à Bordeaux), et surtout le château de Monflanquin, dans le Lot-et-Garonne, qui appartenait à la famille depuis 400 ans.

Sous la pression du gourou, les Védrines ont eux-mêmes validé toutes les ventes. Même leur dernière bataille judiciaire, en septembre 2015, ne leur a pas permis de récupérer le château de Monflanquin, qu’ils avaient vendu à une société civile immobilière en 2008. Le tribunal d’Agen a pourtant bien reconnu que la famille était sous emprise lorsqu’elle a conclu la vente du château. Mais la maison a entre temps été revendue, dès 2009, dans des conditions cette fois-ci tout à fait normales. Le propriétaire actuel garde donc le château.

Le « gourou » avait un complice
 
Le réalisateur de « Diabolique » a pris le parti de ne pas l’introduire dans son scénario. Pourtant, d’après la justice, Jacques Gonzales a eu un rôle important dans cette affaire. Cet ancien importateur d’automobiles, président de la fondation humanitaire dont se réclamera Thierry Tilly auprès des Védrines (en réalité une coquille vide), est présenté par Tilly comme son « patron chargé d’assurer la sécurité et l’équilibre du monde ». Aujourd’hui âgé de 68 ans, il se déplace en fauteuil roulant, amputé des membres inférieurs à cause d’un diabète.

Il aurait reçu la somme de 1,5 million d’euros de la part de Thierry Tilly, qui proviendrait de la famille de Védrines. « S’il ne construit pas de dispensaire (avec sa fondation humanitaire), il se vêt avec recherche, dépensant 84.000 euros chez un tailleur italien réputé. Il roule dans une BMW à 93.700 euros. Quand il veut savoir l’heure, il consulte sa Rolex ou sa Patek Philip (il possède huit montres de luxe) », raconte Le Figaro.

Il écope de quatre ans de prison ferme pour complicité en 2013, alors que Thierry Tilly est condamné en appel à 10 ans de prison.

Source : Huffington Post du 05/04/16

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