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Assises de la Gironde : Boumedine, « le plus vulgaire des anges »

Assises de la Gironde : Boumedine, « le plus vulgaire des anges »

Publié le : 03/05/2019 03 mai mai 05 2019

Bernard Boumedine, est accusé de viol et violences « sous influence » sur son entourage. Sa voisine a décrit hier son calvaire psychologique. Verdict vendredi.

Sobre, chancelante, s’accrochant à la barre comme à une bouée, elle s’avance pour témoigner devant la cour d’assises de la Gironde. La quadragénaire accuse Bernard Boumedine, 48 ans, qui comparaît depuis lundi pour viols et violences, de lui avoir imposé une violente relation sexuelle à trois, au terme de plusieurs mois d’assujettissement.

Honteuse, elle avoue n’avoir retrouvé ses esprits que récemment, consciente du décalage entre sa crédulité d’alors et l’énormité de ce qu’elle raconte aujourd’hui. Valérie, la femme de l’accusé était sa coiffeuse à Pessac. Elles ont le même âge, elles ont sympathisé, se racontant leurs histoires de femmes, partageant des bons plans de ménagères.

« Lobotomisés »

Lors du premier apéritif chez le couple Boumedine, son mari et elle ont été subjugués par l’accusé. Pire, « lobotomisés », assure la partie civile. « On n’était plus maîtres de nos pensées. Il n’y avait que lui qui parlait. J’étais dans une période de doute et de faiblesse. J’avais envie que ça change. On buvait ses paroles. On s’exécutait. »

Alors ils ont bu de l’eau de mer pour soigner leurs maux, ils ont cru qu’il y avait de mauvaises ondes chez eux, ils ont jeté matelas, photographies de famille, vêtements et tout ce qui rappelait leur passé, mis du sel sous le lit, dans les coins, sur le paillasson, écouté de la musique indienne, dormi nus, acheté des signes de protection divine, changé d’alimentation.

Ils ont récité des phrases énigmatiques, pseudo mystiques, les ont écrites, encadrées et accrochées au mur. Ils s’asseyaient d’une manière particulière, se devaient de regarder Bernard Boumedine avec déférence…

Dans son box, il s’impatiente, se manifeste. Ses avocates Me Gali et Bauer font part de leurs doutes sur cette emprise présumée et suggèrent que, peut-être, les parties civiles « n’assument pas leurs actes de l’époque ». « Nous le plaiderons », prévient Me Daniel Picotin, qui épaule l’ancienne voisine.

« Il avait une manie de nous frapper très fort sur le cœur pour enlever le démon en nous car nous étions possédés », poursuit sa cliente, voix tremblante. « Il connaissait tout de nous, disait qu’il était un ange. Le plus vulgaire des anges mais qu’il était là pour nous aider, nous guider. » Issue d’une famille pieuse, elle croit aux anges.

« J’avais une fascination pour ce monsieur. Au début, les relations sexuelles avec mon mari se sont améliorées, donc ça marchait. Mais j’avais oublié que notre médecin lui avait donné un traitement. »

« On ne réagissait pas »

Elle ravale ses larmes, déglutit difficilement, marque des pauses, fouille sa mémoire. Parle de sa fille également tombée sous la coupe de Bernard Boumedine. Et puis des coups, reçus à chaque soirée alcoolisée, surtout à partir du moment où les deux couples ont vécu quasiment en communauté dans deux maisons des Eglisottes, trouvées par l’accusé.

« On ne réagissait pas. J’en étais incapable. J’étais un légume, une loque, un petit chien. J’étais figée. » À force de dénigrement et culpabilisation, elle a fini par croire qu’elle méritait son sort, était comme anesthésiée. Elle explique comment Bernard Boumedine et ses préceptes les ont éloignés de leur famille, brouillés avec leurs proches, isolés. « Il m’a fait croire que j’avais été violée, petite. J’ai accusé mon propre père qui m’a reniée. J’ai tout gâché, on les a laissés partir », soupire la voisine, avant d’en venir à la relation sexuelle à trois très violente, imposée par l’accusé en novembre 2009. Depuis, une « petite lumière » s’est allumée dans sa tête. Mais le réveil a été douloureux.

Source : Sud Ouest du 15/02/12

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