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Daniel Picotin : « C’est le procès de la manipulation mentale »

Daniel Picotin : « C’est le procès de la manipulation mentale »

Publié le : 23/09/2012 23 septembre sept. 09 2012

Me Picotin est défenseur de plusieurs membres de la famille Védrines et président d’Info sectes Aquitaine.

« Sud Ouest Dimanche ». Comptez-vous faire de ce procès le procès de la manipulation mentale ?

Daniel Picotin. Oui. Cette affaire, ce procès suscitent un intérêt qui dépasse largement les frontières de la France. Il est emblématique à plus d’un titre. Il n’y a pas une victime, mais 11. Trois générations d’une même famille sont concernées. Et les personnes qui sont tombées sous la coupe de ce gourou appartiennent à des milieux sociaux aisés, que certains peuvent croire, à tort, à l’abri de telles pratiques.

En quoi ce procès illustre, selon vous, la nécessité de créer un délit de manipulation mentale ?

Faute d’outil juridique adapté, la justice est le plus souvent réduite à l’impuissance. Pendant des années, nous nous sommes heurtés à un mur. Le procureur d’Agen refusait de faire quoi que ce soit au motif qu’une personne majeure est libre d’agir comme bon lui semble.

Le délit d’abus de faiblesse, reproché aujourd’hui à Thierry Tilly et Jacques Gonzalez, ne peut être retenu qu’à partir du moment où la victime dépose plainte. Il a fallu attendre huit ans et la dénonciation en 2009 par Christine de Védrines des sévices dont elle a fait l’objet pour que la machine judiciaire se mette enfin en marche.

Concrètement, que proposeriez-vous si vous étiez législateur ?

Il y a quelques années, la prodigalité, c’est-à-dire le fait de donner ses biens et ses avoirs, pouvait autoriser la mise en place d’une mesure de curatelle. Ce n’est plus le cas. En matière de protection des majeurs, la loi a reculé. Il faut d’abord instaurer un régime de sauvegarde judiciaire dès qu’apparaissent des suspicions fortes : rupture avec l’entourage professionnel et familial, refus de payer ses impôts et ses factures, dispersion de son patrimoine, amaigrissement… Et puis, ensuite, inscrire dans le Code pénal le délit d’emprise mentale préjudiciable.

Mais il effraie les représentants religieux et les militants des droits de l’homme. Ne risque-t-il pas de porter atteinte aux libertés publiques ?

L’endoctrinement, la foi ne relèvent pas de la manipulation mentale. La manipulation mentale, c’est une pathologie et les critères objectifs qui permettent de la diagnostiquer. Pour éviter que tout dérape, il faudrait conditionner la reconnaissance de ce délit à une double expertise médicale pratiquée par des psychiatres spécialisés. Le hold-up du cerveau est aussi grave que le hold-up matériel. Le monde juridique ne l’a toujours pas compris. Il n’est pas le seul. J’espère que ce procès permettra une véritable prise de conscience de façon à ce que le Parlement puisse enfin se saisir de cette question.

Source : Sud Ouest du 23/09/2012

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