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Reclus de Monflanquin : « c’est le départ d’une nouvelle vie »

Reclus de Monflanquin : « c’est le départ d’une nouvelle vie »

Publié le : 09/12/2013 09 décembre déc. 12 2013

INTERVIEW « Nous n’étions pas armés » est le titre de l’ouvrage de Christine de Védrines. Elle et son mari le présentaient hier à Livres en citadelle à Blaye.

Manipulés, ruinés, violentés Christine et Charles-Henri de Védrines ont vécu près de dix ans sous la coupe de Thierry Tilly, se coupant du monde. Rencontre avec deux des reclus de Monflanquin, qui étaient présents sur cette édition de Livres en Citadelle, qui s’est terminée hier.

« Sud Ouest ». Ce livre, c’est ce qui marque la fin d’une ancienne vie et le début d’une nouvelle ?

Christine et Charles Henri de Vedrines. On a d’abord voulu laisser une trace écrite de ce qu’on avait vécu, pour ne pas qu’il y ait des non-dits qui deviennent des secrets de famille, si un jour on a des petits-enfants.

C’est aussi certainement le départ d’une nouvelle vie. M. Tilly a été condamné (1), nous sommes reconnus comme victimes, et ça c’est l’aboutissement de beaucoup de mois de lutte.

Aujourd’hui, vous arrivez à comprendre comment vous avez pu vous laisser « embarquer » dans cette affaire ou cela reste encore un mystère ?

Nous avons beaucoup travaillé sur nous-mêmes, avec des spécialistes, et dans ce livre, on essaye justement d’expliquer comment une telle toile d’araignée peut se mettre en place. Ce serait peut-être très orgueilleux de dire que l’on sait, mais on arrive à mieux comprendre ce qui nous est arrivé grâce aux experts qui nous ont un peu éclairés.

À travers ce livre et les médias, d’autres personnes qui ont subi des choses identiques, nous ont contactés, et on s’est aperçu qu’il y avait pas mal de gens qui ont vécu des choses similaires.

Même dans mon activité professionnelle (2), il m’arrive d’avoir des confidences de patientes qui font écho à ce que j’ai vécu.

La vie est repartie pour vous ?

La vie est repartie, oui. En sachant tout de même que Thierry Tilly a laissé quelques pétards qui n’ont pas encore explosé et nous avons encore plusieurs procédures en cours. On est donc encore obligé de se battre.

D’après vous, beaucoup de gens se font manipuler comme vous l’avez été ?

Les experts semblent penser que 80 % de la population est manipulable à un moment de sa vie parce que nous avons tous à un moment donné des failles émotionnelles.

Vous étiez dans un moment de faiblesse au moment où il est entré dans votre vie ?

On a fatalement eu un moment de faiblesse, sinon on ne se serait pas fait avoir. À cette époque, nous avions perdu deux membres importants de la famille. Pendant 3 ans, Tilly est venu auprès de ma sœur et mon beau-frère, il a appris à connaître la famille et à monter tout un système.

Quand nous l’avons rencontré, il savait déjà tout de nous et nous, on ne savait rien de lui. Il est arrivé cautionné par ma sœur, mon beau-frère, un avocat parisien de l’avenue Montaigne et même ma mère. À partir de là, je n’ai plus entendu ma femme, qui est restée critique vis-à-vis de lui. D’ailleurs, c’est pour ça qu’elle a été diabolisée et qu’elle a subi tout ce qu’elle a subi en Angleterre.

Au niveau familial, cette affaire a laissé des traces, entraîné des schismes ?

Christine. L’important, c’est que nous soyons ensemble et que l’on ait récupéré nos trois enfants. Ce livre, c’est nous cinq. Un chapitre est écrit par nos trois enfants et Charles-Henri. Nous partageons toujours beaucoup de choses avec Philippe de Vedrines (frère aîné de Charles-Henri) et tous nos neveux restés à l’extérieur.

Charles-Henri. La distance est restée avec ma sœur Guylène et mon beau-frère, malgré plusieurs tentatives de main tendue.

A votre avis, Thierry Tilly vous a ciblés ?

Je pense que oui. Au cours des conversations qu’il a eues avec ma belle-sœur pendant 3 ans, il a compris que nous avions un potentiel pécunier et quelques petites « chicaneries » dans la famille. Sa force a été de faire du sur-mesure et d’utiliser nos valeurs pour nous spolier et nous détruire. Il cherchait des gens à plumer.

Le système judiciaire a bien fonctionné selon vous ?

Il y a bien des questions sans réponses. Les institutions n’ont pas toujours bien fonctionné. Dès 2002, le tribunal d’Agen avait été prévenu par le président de l’Adfi, mais n’a rien compris. Quand on est rentré dans le dossier, Tilly y figurait comme escroc notoire. Par contre, le SRPJ de Toulouse a fait un travail colossal. Au départ, on a été perçu comme des gens appartenant à une secte, alors qu’il s’agissait d’une escroquerie. Même si les mécanismes utilisés étaient les mêmes.

Pourquoi en avoir fait un livre ?

Humblement, on espère que ça va aider les gens qui sont manipulés et aussi les familles à qui on donne quelques pistes, à qui on dit de ne jamais baisser les bras.

Aujourd’hui la vie est belle ?

Elle est belle, parce qu’on est tous les cinq, vivants, ensemble. Mais on sort de là avec des cicatrices, un sentiment d’échec, de viol de soi-même et de notre famille. Et la peur de l’avenir. Nous sommes ruinés, nous n’avons plus ni meubles, ni même de souvenirs. Disons que la vie est belle à 95 %.

(1) Thierry Tilly a été condamné en appel début juin à 10 ans de réclusion.

(2) Après une période à la PMI comme médecin, Charles Henri de Védrines est redevenu médecin gynécologue- accoucheur à Saint-Aubin-de-Médoc.

Source : Sud Ouest du 09/12/13

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