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Reclus de Monflanquin. Comment le gourou Tilly a tissé sa toile

Reclus de Monflanquin. Comment le gourou Tilly a tissé sa toile

Publié le : 25/04/2013 25 avril avr. 04 2013

Les membres de la famille de Védrines se sont succédé à la barre pour raconter comment Tilly a tissé sa toile, de la séduction à la prison mentale.

«Si Thierry Tilly avait été le pitre ou le guignol qu’il est depuis le début de la semaine, nous ne serions pas devant ce tribunal : nous ne l’aurions jamais cru !» Sous des formes différentes, tous les membres de la famille de Védrines qui ont témoigné hier ont montré le double visage de leur «bourreau». «Toute ma belle-famille a été prise dans sa toile d’araignée» résume Christine de Védrines, l’épouse de Charles-Henry, une des dernières à prendre la parole hier soir.

Sa toile, Tilly a commencé à la tisser en arrivant auprès de Ghislaine de Védrines, en 1998. «J’étais à la recherche d’écoute, dans une période difficile : mon mari avait été licencié, mon fils avait des difficultés scolaires, mon père et ma sœur ainée étaient décédés, j’essayais de reprendre l’école de la femme secrétaire» raconte celle-ci. «Il m’a été présenté comme quelqu’un de très compétent par un avocat, Me Vincent David, qui faisait partie du projet de l’école. Au départ, il a été sur le mode de la séduction, il a gagné ma confiance. Il a appris sur ma famille tout ce qui pourrait lui être utile pour la suite. Puis il a commencé à diaboliser mon mari Jean Marchand, en me persuadant qu’il me trompait et qu’il allait me quitter» poursuit-elle. Entre-temps, Thierry Tilly avait réussi à s’introduire dans la famille en ayant passé l’été dans le fief de Monflanquin, gagnant la confiance de chacun. «Il est arrivé nimbé de pouvoirs extraordinaires et apportait à chacun les réponses qu’il attendait» assure-t-elle. «Il a réussi à placer ses pions partout pour tirer les ficelles. Avec un petit bout de vérité, il faisait un gros mensonge» remarque Charles-Henry, l’ancien gynécologue qui a décroché la plaque de son cabinet bordelais du jour au lendemain.

«Prisonniers de nous-mêmes»

Après la phase de la séduction, «Tilly a mis un pistolet psychologique sur nos tempes et passait son temps à nous dresser les uns contre les autres. Il séduit sa proie, puis il l’enserre, l’englue, l’épuise» affirme Ghislaine de Védrines. «C’est un prédateur. Il a pris notre argent, mais en plus il nous a cassés» accuse Diane, la plus jeune de la famille, qu’il a réussi à faire travailler 90 heures par semaine, en Angleterre. «Il me faisait remettre tous mes salaires, soit disant pour venir en aide à mes parents» précise-t-elle. Philippe évoque une autre arme de Thierry Tilly : «la puissance de son regard était quasi hypnotique. Il nous a rendus prisonniers de nous-mêmes».

«Si l’on n’était pas venu nous chercher à Oxford, je serais sans doute dans la fosse commune ou clochard. Qu’au moins notre histoire serve à quelque chose, et que l’on puisse intervenir quand il y a suspicion d’emprise mentale !» demande Charles-Henry. «Il nous a tous détruits, mais il a détruit aussi ceux qui étaient autour de nous. Aujourd’hui nous devons tous repartir à zéro» déplore-t-il.

En dix ans Thierry Tilly a en effet réussi à dépouiller la famille de tout son patrimoine, pour 4,5 millions d’euros.

Source : La Dépêche du 25/04/13

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