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Elle a passé vingt ans sous l’emprise d’un gourou

Elle a passé vingt ans sous l’emprise d’un gourou

Publié le : 01/01/2011 01 janvier janv. 01 2011

Aujourd’hui s’ouvre à Foix le procès de Robert Le Dinh, gourou lot-et-garonnais.
Une de ses victimes, Isabelle, raconte.


Elle assistera à partir d’aujourd’hui et durant une semaine, à Foix (Ariège), au procès où elle est partie civile. Isabelle Lorenzato et son mari Dominique seront entendus sans doute jeudi prochain devant la cour d’assises de l’Ariège. Ils expliqueront la vie qu’ils ont partagée, de l’été 1984 au 18 février 2007, avec une vingtaine de personnes du « groupe » de Robert Le Dinh (dit Tang), qui comparaît pour viols, agressions sexuelles et abus de faiblesse au sein de sa « communauté » religieuse. La jeune femme a rencontré le gourou autoproclamé « grand monarque » ou « saint élu » lors d’une conférence qu’il donnait dans le Lot-et-Garonne.

En quête de spiritualité

« À l’époque, j’étais très jeune – 19 ans -, se souvient-elle, et à la recherche de spiritualité et d’une famille. » Elle va trouver les deux dans cette communauté d’une vingtaine de personnes réunies autour de Tang, qui prétend avoir reçu du Christ une révélation lui demandant de venir en aide aux plus déshérités.

Isabelle raconte la mise en place d’un véritable contrôle, par les enseignements quotidiens, la privation de sommeil, le « positionnement » de chaque adepte, un contrôle subi de la part des autres membres comme de celle de Dinh.

« Il nous menaçait de la loi du retour, expliquant que toute rébellion entraînerait pour nous un malheur qu’il avait vu en rêve et dont il prophétisait la venue. »

Naturellement, les adeptes entretiennent le gourou et sa famille. Isabelle et son mari versent au pot commun leurs salaires de greffière du tribunal d’Agen et de douanier. « Nous n’avions pas le droit de voir notre famille, à peine nos enfants, le soir en rentrant du travail et avant de nous livrer en commun à des commentaires de textes et autres « repositionnements ». »

Vingt ans d’une vie éprouvante qu’Isabelle dit avoir trouvée normale puisque « nous obéissions à Dieu ». Jusqu’au jour où Robert Le Dinh, qui est parti en Ariège, lui demande de venir l’y rejoindre.

Sexe avec le gourou

Ce jour-là, elle décide de parler à son mari des rapports sexuels qu’elle entretient avec le gourou à la demande de celui-ci. « Je ne savais rien à ce moment-là de ce qu’il avait fait avec les enfants (deux jeunes filles d’adeptes, mineures au moment des faits). »

Assommé par la révélation de ce à quoi celui qui se disait « son père, son mari, son maître » contraignait son épouse et d’autres femmes du groupe, Dominique Lorenzato alerte la gendarmerie.

Isabelle explique qu’elle a ensuite appris pas mal de choses durant l’instruction et comparé les situations décrites dans des ouvrages sur la suggestion mentale avec ce qu’elle avait connu. « Il utilisait les mêmes stratagèmes : cloisonnement, souvenirs induits, menaces, séparation des couples. »

« J’avais l’impression que nous étions sous hypnose », confie Isabelle, qui regrette le temps que Le Dinh lui a fait gaspiller vis-à-vis de ses enfants, tous les trois adultes et que Le Dinh n’a pas réussi à faire basculer.

Défendue par Me Daniel Picotin, Isabelle espère que son témoignage servira à démystifier l’attitude de gourous qui se glissent dans une faille de l’esprit pour prendre le contrôle des individus.

Par Hélène Rouquette-valeins

Source Sud Ouest

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