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Procès Lamy à Bordeaux : quatre ans requis

Procès Lamy à Bordeaux : quatre ans requis

Publié le : 04/10/2017 04 octobre oct. 10 2017

Accusé d’avoir placé sous son emprise trois femmes et d’avoir abusé d’elles, Philippe Lamy était jugé en appel, hier. Il clame son innocence.

Philippe Lamy est-il un « gourou », capable de placer sous son emprise trois femmes fragiles et malades, entre 2012 et 2014, abusant de leur faiblesse, leur ordonnant d’arrêter leurs traitements médicaux pour les remplacer par des gélules « magnétisées » par ses soins et qui aurait fait d’elles ses objets sexuels ? Ou n’a-t-il que répondu aux désirs de ses trois conquêtes qui n’assumeraient plus la sexualité débridée qu’elles auraient adoptée de façon consentie avec cet ancien gérant d’un club libertin médocain, la Villa Panthère ?

Telles sont les deux visions qui ont été soumises à la cour d’appel de Bordeaux, hier, pendant quatre heures d’audience. En première instance, en octobre 2016, Philippe Lamy (1), 42 ans, a été condamné par le tribunal correctionnel de Libourne à quatre ans de prison ferme et la révocation d’un sursis antérieur de quatorze mois. Une peine que l’avocat général Martine Cazaban a demandé de confirmer, y ajoutant un suivi sociojudiciaire de dix ans. Car selon la représentante du ministère public, Philippe Lamy est « un personnage inquiétant pour l’avenir ». « Il a pour talent de percevoir les failles, les doutes et les peurs des personnes et de s’y engouffrer afin d’obtenir d’elles ce qu’il souhaite », estime-t-elle.
« L’égal de Jésus »

Sur les trois principales parties civiles, une seule est présente. Cette femme du bassin d’Arcachon a fait la connaissance de Philippe Lamy en avril 2014, quelques jours avant un séjour en chambre stérile pour finaliser la guérison d’un cancer. Un traitement qu’elle a décidé de ne plus suivre, juste après avoir consulté celui qui avait la réputation d’être magnétiseur et s’était installé dans le Libournais, chez un ostéopathe. Un praticien qui fut également mis en examen dans cette affaire pour exercice illégal de la médecine. Des prescriptions des fameuses gélules avaient été découvertes chez lui. Il a finalement été relaxé à Libourne, le tribunal ayant jugé qu’il était lui aussi sous l’emprise de Philippe Lamy.

« Tout ça, c’est du vent ! Une histoire transformée pour faire du buzz. Toutes les personnes qui m’accusent sont venues à moi et non l’inverse. Je n’ai jamais forcé personne à quoi que ce soit. Je ne suis pas un gourou. Je n’ai pas un sou », clame le prévenu qui accuse l’avocat des parties civiles, Me Daniel Picotin, connu pour s’être spécialisé sur les dérives sectaires, de piloter ses accusateurs. Visage blême, chevelure ramenée en catogan, carrure frêle, Philippe Lamy semble loin du « beau brun ténébreux », « impressionnant avec son long manteau en cuir noir », décrit par des personnes entendues au cours de la procédure. Pour certains, il se prenait pour « l’égal de Jésus », « capable d’entrer en contact avec l’au-delà ».

« Avec lui, plus c’est gros, plus ça passe. Cela peut prêter à sourire. ça l’est moins quand on rappelle qu’il a mis en danger la vie de personnes en les faisant stopper leurs traitements. Quant à la théorie du complot, aberrante, il nous l’a déjà faite », plaide Me Picotin.

Mais pour l’avocat de Philippe Lamy, Me Frédéric Dutin, tout n’est pas clair dans cette affaire. Le défenseur avoue « un malaise » devant plusieurs éléments du dossier. « On a le sentiment que cette enquête a été orientée et dirigée, dès le départ, sur les rails de la dérive sectaire », insiste-t-il. Il s’étonne que l’ostéopathe mis en examen, qui s’était également constitué partie civile pendant l’instruction, ait été défendu par le même avocat que les autres victimes présumées. Il tique sur la prise en charge de l’une des trois femmes par une « psychologue de l’équipe de Me Picotin, avant d’être entendue par les gendarmes ». Et soulève une autre étrangeté dans le dossier, concernant les agressions sexuelles reprochées : « Si l’on considère qu’il y a eu emprise mentale, alors il s’agit de viols et non d’atteintes sexuelles. » Mais de telles poursuites auraient-elles tenu devant une cour d’assises ?

Délibéré le 7 novembre.

Source : Sud Ouest du 04/10/17

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